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Mon Jardin
1 avril 2004

Mobil’iberté

Acte 1
Un air de musique - ce ne sera ni un beuglement, ni une stridulation agaçante - et voila que je vais être une fois de plus contrainte d’écouter la conversation en mode mono d’une conversation à laquelle je n’ai pas envie d’assister. Le problème c’est qu’il y a déjà un autre caddy qui me talonne et les files d’attente semblent s’éterniser ailleurs aussi. Alors, une fois de plus, je vais essayer de mettre le mode Off. Mais comme toujours, tentative ratée. On a beau essayer, comment ne pas entendre cette conversation qui se déballe à 2 m de soi. Personnellement, j’en suis incapable. Je n’arrive qu’à feindre l’indifférence alors que bouillonne en moi la colère. Donc, j’entends sans écouter.
Une fois de plus, avant même la première minute de conversation écoulée, l’invariable « t’es où là » tombe. Je me demande si un jour le Téoula ne remplacera pas notre actuel Allo. D’où il vient celui-ci, au fait ?  Il serait amusant d’établir des statistiques là-dessus : incidence du Téoula dans les conversations sur portable, et rapidité de son émergence. Y a pas un sociologue pour faire une thèse là-dessus ?
Le Téoula passé, il n’y a semble t’il plus grand-chose à ajouter. But et utilité de l’appel, cette fois-ci je ne saurai pas. Même pas frustrée, juste encore et toujours désappointée par ce que je considère comme un manque de pudeur. Cela semble ridicule peut-être, mais je ne comprends pas qu’on impose ses conversations privées aux autres.
Cette fois-ci, court fut l’appel. Que dire de ces circonstances aggravantes à mes yeux : les appels en plein restaurant qui s’éternisent (vos compagnons de table sont donc si rasoir ?) et les malautrus qui ne coupent pas leur portable au cinéma (achetez des DVD et restez dans votre salon !).


Acte 2
Le jeune homme marche dans la rue portable scotché à l’oreille. Celui-ci me gène moins que sa congénère du supermarché, je n’entends pas sa conversation. Sa voix se perd dans le brouhaha de la foule. Il avance vite, concentré - flute pour une fois, j’ai pas pu entendre le Téoulà – et dans un imbroglio de piétons il se trouve repoussé vers l’Homme à la main tendue. Point de regard, à peine une hésitation dans la voix, il poursuit sa conversation.
Dans ce monde où l’indifférence à l’Autre croît un peu plus chaque jour, je m’étonne de voir à quel point les moyens de communication  se diversifient et nous poursuivent jusque dans nos poches. Nous conversons parfois avec un inconnu à l’autre bout du monde, mais avons-nous déjà juste discuté 10 min avec notre voisin de palier ? S’ouvrir au monde, nous crions tous oui, mais dans le confort ouaté du multimédia. Poser ne serait-ce qu’un regard sur cet homme qui tend la main dans une grande rue commerçante est-il si difficile ? Cet individu fait-il parti d’une sous-race qui n’éprouverait aucun sentiment ? Il quémande certes de l’argent, et je ne critique en rien le choix de donner ou pas. Accordez juste un regard, un sourire à cet homme. Nous nous enfermons avec notre « bulle » de proches et nous oublions l’essentiel. Que nous vivons dans une société composée d’autres individus. Loin de vouloir imposer à quiconque des règles de bienséance, je me demande s’il est encore possible que survive le respect d’autrui dans les siècles à venir. Espérons que notre avenir diffère de ce que présentait le film La machine à remonter le temps (Warner 1960) Il semble pourtant que nous y tendons un peu plus chaque jour.


 La liberté que nous offre ces petits appareils portables est certes fabuleuse. Appeler où et quand on le veut et presque qui l’on veut. Avons-nous réellement besoin d’un tel ustensile pour communiquer avec nos contemporains ? Disons nous plus « Je t’aime » pour autant ?  Je constate que je me suis bien égarée dans mes digressions. Je vous laisse, j’ai un coup de fil à passer ;)

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Commentaires
C
aux utilisateurs que nous sommes !<br /> <br /> Je ne pense pas qu'on communique mieux ou moins bien qu'avant... par contre, on est tous dans l'attente que quelqu'un nous contacte... un petit mot pour se rendre compte que qqn pense à nous, fixe un rdv inattendu... cela nous rend plus fébrile mais, par contre, apporte peut-être une nouvelle raison d'être déçu si le petit portable ne fait pas retentir sa mélodie un certain nombre de fois pendant la journée...<br /> <br /> Vous avez dit "dépendant" ??? Oui, sûrement... Plus exigeant ? Oui, aussi... Rassurant ??? Plein d'adjects seraient à mettre pour ce que cela nous apporte...<br /> <br /> Cela nous conforterait-il dans le fait de se savoir aimé, apprécié par nos proches ?<br /> <br /> :o)
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